Mardi 23 janvier, la mission d’information commune sur les produits phytopharmaceutiques a auditionné les représentants de Coop de France – métiers du grain : Monsieur Christian Pees, vice-président, Monsieur Vincent Magdelaine, directeur et Madame Barbara Mauvilain-Gaillot, responsable des relations publiques.
Coop de France est la représentation unifiée des coopératives agricoles, agroalimentaires, agroindustrielles et forestières françaises. Elle est structurée autour d’un Pôle animal (filières bovine, ovine, porcine, avicole et nutrition animale), d’un Pôle végétal (Métiers du grain et Déshydratation de la luzerne) et d’un Pôle agroalimentaire (dénommé Coop de France agroalimentaire). Elle a pour mission de promouvoir le modèle coopératif en valorisant son action économique. 2600 entreprises-coopératives agricoles et agroalimentaires, dont 90 % de TPE et PME, adhèrent à Coop de France. Elles représentent une marque alimentaire sur trois, rassemblent trois agriculteurs sur quatre et emploient 165 000 salariés. 550 d’entre-elles relèvent de la filière bio. Il faut aussi y ajouter les 12 000 coopératives d’utilisation de matériel agricole (CUMA).
Les coopératives sont un prolongement des exploitations agricoles, qui leur délèguent la vente de leurs produits. La France se distingue par une grande variété des coopératives : certaines sont polyvalentes, d’autres sont spécialisées. Elle diffère en cela des pays d’Europe du Nord (qui comptent surtout de grandes coopératives spécialisées) et des pays d’Europe du Sud (petites coopératives spécialisées).
Monsieur Pees, agriculteur semencier et président d’Euralis, a rappelé que les coopératives étaient déjà engagées dans la promotion des bonnes pratiques, notamment dans l’appropriation par les agriculteurs d’une culture de la sécurité pour leur santé (utilisation des équipements de protection, etc.). Les techniciens des coopératives accompagnent les paysans dans leurs usages. Coop de France, comme 20 autres organisations, participe aussi au contrat de solutions actuellement en cours d’élaboration.
En fonction des lieux ou des types de productions, il existe des solutions plus ou moins éprouvées. Pour Coop de France, les priorités sont d’identifier les solutions alternatives et les manques, de généraliser ce qui fonctionne, de maintenir un équilibre économique et de valoriser sur le marché les produits issus des techniques alternatives.
Les coopératives sont surtout en attente de solutions de substitution concrètes, qu’il faut du temps pour mettre en œuvre. Lorsqu’un agriculteur adopte une nouvelle solution, il doit assumer deux coûts :
– la prise de risque liée au changement de pratique, qui nécessite donc un accompagnement
– l’investissement lourd dans de nouveaux matériels
Monsieur Pees estime que l’essentiel du produit de la redevance pour pollution diffuse (RPD) et du plan Ecophyto doit aller au financement de la transition.
Pour les députés, il y aurait un fort intérêt à disposer d’une cartographie des alternatives existantes.
Coop de France estime par ailleurs que la séparation de la vente et du conseil en produits phytosanitaires (promise par le Président de la République) est une fausse bonne idée, puisque ce sont les clients qui imposent leurs choix aux producteurs. Monsieur Pees estime qu’une contrainte extérieure au marché va poser un problème entre l’offre et la demande et qu’il faut garder une certaine intimité avec le producteur.
D’abord réticente sur les certificats d’économie de produits phytopharmaceutiques (CEPP), l’organisation estime désormais que les 31 fiches actions (dont 10 sur les grandes cultures) sont très insuffisantes et qu’il en faudrait 3 fois plus.
Enfin, si elle reconnait que le passage à l’agriculture biologique est une des solutions (mais pas la solution universelle), Coop de France rappelle qu’elle est confrontée à la difficulté du modèle économique.