Jeudi 1er février, la mission d’information commune sur l’utilisation des produits phytopharmaceutiques a auditionné, dans le cadre d’une table ronde, trois personnes : Mme Claudine Joly, référente pesticides de France nature environnement, M. François Veillerette, directeur de l’association Générations futures et Mme Marie-Monique Robin, journaliste et auteure du livre « Le Roundup face à ses juges ».
Les différents intervenants ont notamment souligné les lacunes et les failles de l’évaluation des substances actives par les agences, en particulier au niveau européen. Selon eux, le processus d’homologation est à revoir : en l’état, il ne prend en compte que les seules études fournies par les industriels, qui respectent les bonnes pratiques en laboratoire. A l’inverse, la qualité scientifique des études universitaires n’est pas prise en compte. Il faudrait une refonte totale de la manière dont on évalue la toxicité, aussi bien pour la santé que l’environnement : aujourd’hui, le système protège davantage les industriels que la population. Si la toxicité aigüe des produits est souvent analysée, il n’en est pas de même de leurs effets chroniques.
Mme Robin a évoqué plusieurs études qui démontrent que chaque individu est imprégné, dans son corps, de substances comme le glyphosate. Celui-ci serait à l’origine de l’apparition ou de la réapparition de 40 pathologies pour les cultures, ainsi que de maladies chez les animaux nourris au soja transgénique. Elle a rappelé que la Commission européenne a dressé une liste de 378 aliments contenant des résidus de glyphosate.
Les différents interlocuteurs ont aussi proposé des solutions pour réduire, voire sortir des pesticides. Ainsi, la FNE préconise la formation et la sensibilisation de tous à l’écologie, notamment à l’école. Elle insiste sur la nécessité d’accompagner les agriculteurs dans cette voie, par le renforcement du plan Ecophyto, le développement d’un conseil stratégique d’exploitation, le soutien aux pratiques agricoles vertueuses (label HVE), les aides de la PAC, la taxation de produits phytopharmaceutiques à travers l’élargissement de la redevance pour pollution diffuse (RPD) qui devrait s’appuyer sur la dose utilisée et non le volume. Elle estime que les certificats d’économie (CEPP) sont intéressants, mais que les coopératives tardent à s’y engager. Mme Robin a évoqué les systèmes de complémentarité des cultures, telle que la MILPA au Mexique (mélange de culture de maïs, courge, citrouille), le projet d’agroforesterie de Christian Dupraz à Montpellier, une ferme-pilote en Forêt-Noire (Allemagne) sur la technique agricole simplifiée (agriculture de conservation sans glyphosate).
Pour les 3 intervenants, les alternatives et les réseaux existent, mais ils sont mal ou peu connus, ce qui explique que les agriculteurs ne s’y engagent pas assez.
Au début des années 60, le gouvernement avait lancé un grand plan de transformation de l’agriculture, afin de passer d’une petite agriculture traditionnelle et localisée à une agriculture intensive censée « nourrir le monde ». Il faut désormais engagée le même mouvement pour une agriculture durable.