La mission d’information sur les produits phytopharmaceutiques a auditionné mercredi 24 janvier, les représentants de l’Association de Coordination Technique Agricole (ACTA) et de l’institut du végétal Arvalis.
Les instituts techniques agricoles (ITA), structures de recherche de droit privé de type associations loi 1901 ou centres techniques industriels, sont des organismes de recherche appliquée, d’appui technique, d’expérimentation, d’expertise, de formation et d’information au service des professionnels agricoles. L’ACTA est la tête de réseau des 15 instituts techniques agricoles présents en France (dont Arvalis) et, à ce titre, a signé avec le Ministère de l’agriculture, un contrat d’objectifs pluriannuel visant à répondre aux priorités du monde agricole et rural. Spécialisés par filières de productions (céréales, bovins, porcs, aviculture, fruits et légumes, horticulture ornementale, vigne et vin, oléagineux, betterave, pomme de terre, plantes aromatiques, médicinales et à parfum, etc.), ils assurent l’interface entre la recherche et le développement et la conduite de projets de recherche appliquée, diffusent les résultats de la recherche, conduisent des expertises et réalisent des missions ponctuelles et ils participent à la définition objective de la qualité des produits dans le cadre de procédures de normalisation, de certification, et de qualification.
Les ITA emploient 1 900 collaborateurs (docteurs, ingénieurs) et disposent d’un budget de 178 millions d’€. L’ITA Arvalis étudie plus particulièrement toutes les céréales à paille, le maïs, le lin, le tabac, la pomme de terre, soit 77 % de la surface agricole du territoire. 1/3 de son budget est consacré à la protection intégrée et durable des cultures, à travers 3 axes : la prophylaxie (agronomie, génétique, auxiliaires, écologie microbienne), des méthodes de diagnostic et d’analyse des risques (37 000 parcelles observées en 2016) et la lutte directe (préventive et curative) : physique, chimique raisonnée (produits phytosanitaires), biontrôle, écologie chimique (modification des relations entre un ravageur cible et sa plante hôte, comme la bruche de fève ou la pyrale du maïs) et plantes-pièges. Arvalis a aussi développé les solutions numériques à travers les « digifermes » (deux en France actuellement, dans l’Essonne et dans la Meuse).
La représentante d’Arvalis a indiqué qu’aucun résidu n’avait été décelé dans les grains de céréales, mais qu’on en retrouve dans les produits céréaliers, une présence liée aux insecticides de stockage.
Elle a aussi indiqué qu’une combinaison des solutions permettrait une économie potentielle de 25 % en fongicides.
Elle a regretté le faible nombre d’alternatives disponibles en grandes cultures : 9 substances de biocontrôle autorisées sur les céréales pour faire face à 80 bio-agresseurs potentiels. Pour ce qui concerne les maladies du blé, sans traitement, ce sont 17 quintaux de pertes annuelles en moyenne pour les producteurs.
Une recherche ambitieuse et efficace est nécessaire. Le progrès génétique reste la pierre angulaire du scénario « moins de phytos ». Mais il n’y a pas de solution unique pour le secteur céréalier : les agroéquipements, les solutions numériques (en lien avec l’accès au très haut débit sur tout le territoire) doivent être valorisés. Il en est de même dans la viticulture, où un renouvellement du parc vieillissant de pulvérisateurs permettrait aussi de diminuer les volumes de produits phytopharmaceutiques.
Enfin, les représentants des ITA ont regretté qu’il n’existe aucun contrôle sur les produits importés de l’étranger, qui sont parfois traités avec des substances interdites en France. Ainsi, dans le cadre des accords bilatéraux de l’Union européenne avec d’autres pays (CETA, etc.), on ne peut pas interdire, en France, d’importations de produits traités avec des produits chimiques pourtant interdits en France.