Jeudi 15 novembre, le groupe d’études sur les impacts des changements climatiques (dont Elisabeth Toutut-Picard est membre) organisait une audition sur le thème des relations entre le climat et la santé. A cette occasion, plusieurs intervenants ont été auditionnés :
– le Docteur Pierre Souvet, cardiologue, Président de l’Association Santé Environnement France (ASEF) ;
– le Docteur Guillaume Fond, psychiatre, docteur en neurosciences et enseignant-chercheur ;
– 4 représentants du ministère des solidarités et de la santé : Mme Joëlle Carmès, sous-directrice de la prévention des risques liés à l’environnement et à l’alimentation, , M. Thierry Paux, Sous-directeur de la veille et sécurité sanitaire, Mme Caroline Paul, Chef du bureau de l’environnement extérieur et des produits chimiques, et Mme Alice Kopel, Chargée du dossier « Changement climatique » ;
– 2 représentants de l’entreprise Terumo BCT : Mme Salomé Chelli, Directrice RPP France, et M. Louis Labrador.
Guillaume Fond cherche à démontrer les liens qui existent entre le dérèglement climatique et les santés psychiatriques. Les catastrophes climatiques ont des conséquences sur la santé mentale. Ainsi, après l’ouragan Katerina en 2005, il y a eu une augmentation des troubles psychiatres et du taux de suicide.
Le réchauffement climatique et l’augmentation des températures perturbent le sommeil et ont des conséquences sur la santé. L’agressivité, le stress, l’impatience augmentent. La migration climatique qui découle de ce dérèglement, favorise également l’anxiété. En effet, l’intégration sociale est un processus d’adaptation qui peut entraîner des pressions (intérieures et extérieures) et peut également provoquer des carences en vitamines D par exemple.
Pierre Souvet s’est intéressé à la multiplication de maladies cardiovasculaires et aux troubles de la fécondité. Il a mené un colloque santé-climat sur la corrélation entre maladie vectorielle et pic de pollution. Selon lui, la formation médicale ne met pas l’accent sur ces questions : les élèves sortant de médecine ne savent pas les effets de perturbateurs endocriniens. Il préconise de développer une formation médicale adaptée aux enjeux actuels et de sensibiliser l’ensemble de la population par des petits guides de référence. Il affirme également que les travaux d’urbanisme doivent évoluer et répondre aux changements climatiques.
Selon Joëlle Carmès, 48% des Français sont préoccupés par les questions climatiques.
Le ministère de la santé diffuse 3 messages :
– Plus le dérèglement s’accélère, plus les risques augmentent. Situation de crise sanitaire.
– Gain sur la santé. Mettre en place une santé environnementale.
– Plus on retarde, plus les efforts seront importants. Les changements doivent s’effectuer au plus vite.
Il faut intégrer la question du changement climatique dans les préoccupations des citoyens et aussi sur les travailleurs.
Thierry Paux relève 3 axes principaux :
– la vague de chaleur : augmentation du risque sanitaire en lien avec la hausse des températures (en dehors de périodes de canicule). L’été 2018 a battu des records. 68 départements ont été concernés. Une vague de chaleur aussi sévère que 2003 risque de se reproduire tous les 15 ans, et pourrait même se multiplier et s’intensifier si rien n’est fait.
– développement des épidémies et des maladies vectorielles. La transmission de maladie par les moustiques s’accroît. On a pu assister à la colonisation du moustique tigre, particulièrement dans le Sud de la France. Le retour de la dengue à la Réunion témoigne de cette crise sanitaire.
– Les catastrophes naturelles : ces phénomènes se multiplient. 85% des maisons et infrastructures ont été détruites durant l’ouragan Irma et ceci entraîne des effets sanitaires directs. Cela provoque des désorganisations de société, qui endommagent les réseaux (accès à l’eau, aux ports, aux hôpitaux). De plus, ces catastrophes provoquent de la peur et des problèmes psychiatriques.
Pour Caroline Paul, l’objectif est de lutter contre la pollution atmosphérique et contre la sédentarisation qui influe sur la santé. Il faut, par ailleurs, limiter la population vivant en ville ou du moins améliorer sa mobilité de ces individus pour rendre l’air plus qualitative. Par exemple, en repensant les espaces verts.
La pollution de l’air est aussi due aux espèces envahissantes
Alice Kopel rappelle que le plan climat a pour objectif de réduire les gaz à effet de serre. Il faut produire une électricité sans carbone, renforcer le prix du carbone et atteindre une neutralité carbone. Un deuxième plan climat est en projet, qui présenterait les risques nationaux, les grands axes de réflexion et les risques liés aux différents type de transport. Il cherche à inciter les collectivités à fournir des moyens. Il se marque particulièrement par le fait qu’il souhaite articuler le niveau national et local. Il faut de plus, amplifier l’information et former d’avantage, afin d’établir un état de lieux et élaborer une perspective d’ensemble.
Salomé Chelli s’occupe particulièrement de la sécurité de transfusion sanguine. En effet, le changement climatique à des impacts sur la transfusion sanguine. La multiplication des maladies augmente les risques infectieux et limite de ce fait l’approvisionnement sanguin. La sécurité des transfusions doit être un axe fort de la politique de santé. La dimension sanitaire est souvent oubliée dans la politique environnementale, jusque-là les ministères n’avaient pas manifesté cette préoccupation. L’implosion de gros scandales comme le sang contaminé et le chlordécone ont permis de faire bouger les choses. Il faut mettre le doigt sur les zones d’ignorances dans les hôpitaux.