Jeudi 31 mai, la commission d’enquête sur l’alimentation industrielle a tenu plusieurs auditions.
Les membres de la commission ont d’abord auditionné une délégation de chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et d’autres acteurs de la recherche agroalimentaire (STLO, ALISS, TOXALIM).
Aujourd’hui, l’alimentation fait face à de nouveaux défis. La diminution des prix a eu comme contrepartie une augmentation des maladies chroniques, du surpoids et de l’obésité, l’apparition de nouveaux comportements avec l’introduction des produits transformés, des compléments alimentaires et des produits crus.
L’audition a été l’occasion de revenir sur la place des additifs dans notre alimentation, la qualité des sols, les interactions entre la plante et l’organisme, l’« effet cocktail ».
L’INRA travaille sur ces sujets avec pour ambition de nourrir la planète en quantité suffisante avec une agriculture saine et durable. Les scientifiques ont rappelé que de nouveaux outils ont récemment été mis en place pour évaluer les additifs et les perturbateurs endocriniens. Il faut maintenant prioriser les molécules sur lesquelles travailler. Beaucoup de travaux sont en cours, il s’agit d’une priorité.
Elisabeth Toutut-Picard a interrogé les chercheurs sur la place des scientifiques dans tous ces dispositifs. Les interrogations émergent face aux positions extrêmement variées des scientifiques au sujet des produits phytopharmaceutiques.
Elle a également insisté sur le rôle des scientifiques dans la mobilisation de l’opinion publique. Ce fut le cas lors de la prise de conscience sur le réchauffement climatique : le discours d’alerte des scientifiques, notamment à travers le GIEC, a permis cette prise de conscience dans l’ensemble de la société. Les scientifiques doivent sortir de leurs réserves au vu des enjeux sur la santé publique. Par ailleurs, il manque une instance ayant un regard sur tout le panel des données scientifiques.
Les scientifiques ont soulevé la question du financement de la recherche uniquement sur appel d’offre qui pose un vrai problème pour financer ce type de projet relevant de l’évaluation. L’Anses est le principal financeur pour ces projets mais à des hauteurs de financement qui ne sont pas forcément suffisantes.
Les membres de la commission ont ensuite continué leurs auditions avec M. François Mariotti, Professeur à AgroParisTech et Président du comité d’experts spécialisés « nutrition humaine » de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).
Cette audition a été l’occasion d’évoquer le sujet de la qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire et d’insister sur l’importance de la pédagogie en matière d’alimentation saine et sur les bonnes pratiques alimentaires.
Elisabeth Toutut-Picard a interrogé le Professeur sur la possible mise en œuvre de mesures globales pour pouvoir faire des propositions concrètes et efficaces.
L’éducation nutritionnelle est un des éléments de réponse. Il serait possible de faire la promotion active des groupes d’aliments dans l’alimentation générale. On ne communique pas assez sur les régimes favorables à la santé.
En outre, la question des risques sur la santé a été soulevée : le niveau de connaissances sur les effets à long terme est extrêmement faible. Le principe de précaution devrait donc s’appliquer.