Plus de cent mille personnes décèdent chaque année en France de pathologies chroniques liées à l’environnement, cancers, maladies cardiovasculaires et endocriniennes, diabète et obésité, soit 14 %, de la mortalité totale enregistrée dans notre pays selon l’OMS.
Selon les données de Santé Publique France publiées en 2017, la pollution de l’air extérieur par les particules fines 2,5 serait à elle seule responsable de près de 50 000 morts prématurées par an en France.
L’étude AGRICAN publiée en novembre 2020 établit un lien direct entre certains cancers rares significativement en excès chez les agriculteurs et l’utilisation de produits phytosanitaires par cette catégorie professionnelle.
Par ailleurs, l’impact économique des seuls effets de la pollution de l’air et des perturbateurs endocriniens, a été estimé en 2017 à près de 8% du PIB par l’IGAS.
La dégradation de notre environnement représente donc un surcoût pour notre budget et constitue l’une des toutes premières causes de mortalité en France.
La Santé environnementale, conceptualisée par l’OMS en 1990 s’intéresse à ces interactions systémiques entre notre santé, le dérèglement climatique et les nombreux polluants présents dans nos environnements, perturbateurs endocriniens et autres produits chimiques qui affectent la qualité de l’air, de l’eau, du sol et de l’alimentation.
L’épidémie de la Covid-19 a par ailleurs soulevé la question des interactions existant entre les êtres humains, les animaux sauvages et les écosystèmes.
Une nouvelle approche scientifique globalisante, « One Health, une seule santé » souligne ainsi que la santé des hommes dépend aussi de celle des animaux et de celle des écosystèmes.
Pour mieux cerner ces enjeux et établir un bilan des politiques publiques actuelles, une Commission d’enquête composée de trente députés, a été créée en juin 2020.
En douze semaines, de septembre à décembre 2020, cette Commission d’enquête a reçu plus de soixante personnes représentant les parties prenantes de la santé environnementale : ministres, députés, experts, administrations centrales, collectivités territoriales, acteurs de la société civile et des organisations professionnelles.
Ces auditions ont permis d’identifier les principaux défis de la santé environnementale, défi de gouvernance nationale et territoriale, défi de recueil et de traitement des données scientifiques, défi de recherche, de formation et d’information, nécessité d’une approche globale « une seule santé ».
Le sentiment d’impuissance collective ressorti de ces auditions face à des carences organisationnelles pénalisantes est cependant compensé par le constat que la France est le seul pays d’Europe à avoir structuré une politique publique de santé environnementale.
Le Plan national Santé Environnement, outil programmatique de la politique publique française est considéré comme une vraie chance. Cependant, si les versions successives de ce Plan contiennent de nombreuses actions intéressantes, inspirées par les travaux du Groupe Santé Environnement (GSE) qui préside à leur élaboration, malheureusement cette politique reste souvent incantatoire.
Les deux rapports d’évaluation publiés en décembre 2018 par l’IGAS et le CGEDD soulignent les carences d’une politique par ailleurs mal connue des élus et de la population.
Les travaux de la Commission d’enquête ont permis d’analyser ces difficultés et de proposer des solutions pour y remédier.
Pour ma part, en ma qualité de Présidente de cette Commission, j’ai présenté 61 propositions très concrètes. Il est urgent de mieux structurer cette politique, avec des objectifs quantifiés et des moyens appropriés, de dynamiser la recherche sur l’exposome, de former et d’informer tous les acteurs.
Notre politique de santé publique, jusque-là essentiellement curative, doit développer sa dimension préventive et anticiper toutes les menaces qui pèsent sur le vivant, dont nous faisons partie.
Ces inquiétudes semblent avoir été entendues ; le report momentané du PNSE4 aurait permis d’intégrer certaines des propositions formulées par la commission d’enquête.
Dans quelle mesure les propositions de la commission d’enquête vont-elles pouvoir être reprises dans le PNSE4 que le gouvernement va bientôt officialiser ?
Pour retrouver ma prise de parole :