Jeudi 28 mars, Elisabeth Toutut-Picard était l’invitée d’honneur de la rencontre organisée à Paris par le Cercle Prévention et santé sur le thème : « Santé environnementale : pour une information et une prévention renforcées ». Différentes personnalités étaient présentes pour l’occasion : Emmanuelle Amar, Directrice du Registre des malformations en Rhône-Alpes (REMERA, qui avait alerté sur le dossier des bébés nés sans bras), des représentants du Réseau environnement santé, de la France Nature Environnement, des députés, des consultants, etc.
L’expression « santé environnementale » est apparue lors d’une Conférence organisée par l’OMS-Europe et l’Union européenne en 1982. Les préoccupations liées à la santé environnementale visent à comprendre les causes de la croissance de certaines pathologies et l’évolution des expositions au long de la vie (grossesse, petite enfance…). Selon l’OMS, 23 % de la mortalité mondiale est liée à l’environnement – ce qui représente 12,6 millions de décès par an, dont 1,4 million pour la seule Europe. La pollution tue 3 fois plus que le SIDA, la tuberculose et le paludisme combinés et 15 fois plus que toutes les guerres et autres formes de violence. La santé environnementale est ainsi un défi mondial, dans ses deux principaux enjeux : les réponses à apporter à la croissance des maladies chroniques et la lutte contre les perturbateurs endocriniens.
Elisabeth Toutut-Picard a présenté les travaux menés dans le cadre du Groupe Santé Environnement (GSE), qu’elle préside depuis juin 2018. Créé en octobre 2009, il regroupe des représentants des différentes composantes de la société civile : acteurs économiques, associations, experts, syndicats, élus, représentants de l’Etat et de ses établissements publics, parlementaire(s), soit au total environ 70 membres. Il a été mobilisé pour le suivi de la mise en œuvre du Plan national de santé environnement (PNSE) 2, la préparation du PNSE 3 et la préparation de la table ronde « environnement santé » de la Conférence environnementale 2014. Il produit un rapport annuel d’avancement du PNSE et émet des recommandations pour améliorer sa mise en œuvre. C’est aussi une instance de concertation sur les risques émergents (nanomatériaux, ondes électromagnétiques, perturbateurs endocriniens). Il s’appuie sur 5 groupes de suivi, d’une vingtaine de personnes chacun, qui sont des instances de réflexion continue sur les thématiques santé-environnement : « santé biodiversité, santé et changement climatique », « recherche, formation et information », « pathologies en lien avec les expositions environnementales », « risques à fortes incertitudes scientifiques et enjeux de connaissance sur expositions », « santé – transports ». Le GSE a aussi organisé les Deuxièmes Rencontres nationales Santé-environnement, tenues les 14 et 15 janvier dernier à Bordeaux. Le GSE élabore actuellement deux éléments majeurs de la politique en matière de santé-environnement : la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens version 2 (SNPE 2) et le 4ème plan national santé environnement (PNSE 4). Selon Elisabeth Toutut-Picard, le positionnement du GES doit nécessairement évoluer : il faudrait renforcer son assise réglementaire (notamment en le mentionnant dans le Code de la santé publique) et faire en sorte qu’il exerce un rôle consultatif plus important.
Enfin, Elisabeth Toutut-Picard a présenté les travaux du groupe d’études sur la santé environnementale de l’Assemblée nationale. Les groupes d’études parlementaires sont des instances informelles transpartisanes, qui rassemblent les députés intéressés et volontaires pour approfondir et suivre des questions spécifiques. Ils n’interviennent pas directement dans la procédure législative : leur mission est d’assurer une veille juridique et technique sur des questions trop spécialisées pour faire l’objet d’un examen suivi par les commissions permanentes. Dès l’été 2017, Elisabeth Toutut-Picard avait demandé au président de l’Assemblée nationale de constituer un groupe d’études sur le thème « santé-environnement », qui a été officiellement créé au printemps 2018. Composé de 20 parlementaires, il est co-présidé par Delphine Batho et Jean-Luc Fugit. Le groupe d’études a choisi de concentrer ses travaux sur les produits phytosanitaires, les perturbateurs endocriniens, l’impact des nanotechnologies, les pollutions de l’air (intérieur et extérieur) et les impacts de la société numérique sur la santé (ondes, etc.). Il mène des auditions avec des représentants associatifs, des experts scientifiques et des responsables ministériels, et organise aussi des visites sur site, comme en septembre dernier dans les locaux de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS), dans l’Oise.