Le 9 juillet, à Maisons-Alfort dans les locaux de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du travail (ANSES), s’est tenue la réunion du Groupe Santé-Environnement (GSE) à laquelle ont participé plus de 170 représentants des diverses parties prenantes de ce Groupe interministériel.
Cette instance de réflexion participative a été mise en place par le gouvernement en 2010 pour assurer l’orientation et la mise en œuvre des Plans Nationaux Santé -Environnement (PNSE), lesquels visent à identifier et à réduire l’impact des interactions pathogènes de l’environnement sur la santé.
Le GSE a également la charge d’élaborer la Stratégie Nationale de lutte contre les Perturbateurs Endocriniens (SNPE) dont la deuxième version fera très prochainement l’objet d’un lancement officiel par la Ministre de la Santé .
Elisabeth Toutut-Picard, Présidente du GSE, a ouvert cette réunion particulièrement importante pour la Santé Environnementale en France. En effet cette réunion avait pour objectif de permettre aux rapporteurs des différents Groupes de Travail du 3eme Plan National Santé Environnement (PNSE3) de présenter leurs travaux et de partager les recommandations conclusives de leurs groupes afin d’enrichir la réflexion du PNSE4.
Cette réunion devait également permettre de découvrir le premier bilan d’étape sur les travaux de construction du 4ème PNSE , actuellement en cours d’élaboration.
À noter que ce PNSE4 a été rebaptisé par la Ministre de la Santé et le Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire : « Mon environnement, ma santé ».
Ce premier article est dédié au bilan des 5 Groupes de Travail du PNSE3 qui ont présenté leurs travaux tout au long de la matinée.
Ces 5 Groupes de travail recouvrent tous les aspects les plus fondamentaux de la Santé Environnementale en France.
Le GT1 dédié à la « Santé et Biodiversité » a mis en avant l’importance d’une véritable politique d’éducation à la biodiversité et à la compréhension des services écosystémiques en France.
Il a aussi insisté sur le fait que la communication sur la santé environnementale en France doit être assurée par un message plus positif et constructif.
A également été proposée une étude bibliographique sur le concept de santé des écosystèmes ainsi que sur leurs impacts sur la santé humaine. C’est pour cela que le groupe de travail propose aussi de renforcer l’étude de la valence environnementale dans la lutte contre l’antibiorésistance.
Enfin, les membres du groupe d’étude soulignent l’intérêt d’aborder davantage la biodiversité dans ses impacts bénéfiques sur la santé, en n’occultant pas la nécessaire vigilance face aux dangers liés à la faune et la flore sauvages.
Le GT2, consacré à la « Recherche, Formation, Information et Education », insiste sur l’extrême nécessité d’assurer la formation des professionnels de santé, mais aussi des élus et des décideurs, sur les interactions entre santé et environnement.
L’éducation et la formation sont indispensables pour le développement d’une approche précoce, positive et préventive de la santé.
La mise en place d’une « mission de service public » pour tous les citoyens devrait également permettre une meilleure compréhension des enjeux .
Les membres du groupe de travail ont pris comme référence le programme « One Health / EcoHealth » sur l’incidence du changement climatique global et l’importance des transitions (énergétiques, économiques et circulaires) sur la santé, programme qui répond à un besoin de recherche interdisciplinaire.
Le GT3, intitulé « Pathologies en lien avec les expositions environnementales » recommande 5 axes de travail.
Le premier axe de travail concerne la recherche sur les multiples facteurs de risques, une démarche à mener au niveau national, mais aussi à l’échelle internationale et dont le financement doit être assuré sur le long terme.
La seconde recommandation s’intéresse à la formation et l’information des publics, mais aussi à l’éducation dès le jeune âge avec le souci d’une communication positive et accessible par tous.
Le troisième axe de travail souligne la nécessité de réduire les expositions en lien avec la santé. Le groupe donne comme exemples concrets, l’élaboration de programme d’insonorisation des logements, ou encore la préservation des ressources en eau, en quantité ou en qualité.
Le quatrième axe souhaite favoriser et déployer les bonnes pratiques, en s’appuyant notamment sur les acteurs locaux comme les associations ou les centres régionaux de pathologies professionnelles et environnementales (CRPPE), qu’il conviendrait également de renforcer.
Le cinquième axe souligne quant à lui la spécificité des territoires ultra-marins, souvent oubliés des politiques de santé environnementale et qui rencontrent des problématiques sanitaires très particulières.
Le GT4 a travaillé sur les « Risques à fortes incertitudes scientifiques et les enjeux de connaissance sur les expositions ».
Six recommandations sont issues de ce GT :
– La nécessité d’accroître la bio surveillance et la surveillance de l’imprégnation de la population française.
– L’importance d’un étiquetage adapté et compréhensible des nanomatériaux ; démarche qu’il convient de mener au niveau européen afin d’en limiter l’usage dans les produits de consommation.
– L’approfondissement des travaux sur la qualité de l’air, avec une attention particulière sur les pesticides, pour mieux en détecter les usages et améliorer ainsi la protection et la surveillance des populations.
– Une meilleure prise en compte des métabolites dans le dispositif réglementaire actuel qui régit la surveillance de la qualité de l’eau.
– L’évolution des effets des expositions aux différents types de fréquences d’ondes électromagnétiques.
– Et enfin, la nécessité d’un suivi coordonné des démarches sanitaires et la mise en place d’une gouvernance commune entre les plans sectoriels qui fonctionnent actuellement en silos, avec des redondances et des oublis non identifiés et une efficacité parfois relative dans certains secteurs.
Le GT5 « Santé Transports » rappelle l’importance de la formation, de la communication et de la sensibilisation des populations sur les modes de déplacements et sur leurs impacts sanitaires.
Il souhaite notamment la réalisation de plus nombreuses études sur l’impact sanitaire et environnemental de la logistique urbaine durable .
En toile de fond de ces échanges, apparaît clairement le besoin manifeste et partagé par tous les groupes de travail, d’élaborer et de mettre en place une gouvernance plus lisible, mieux structurée et donc à terme plus efficace, des différentes actions sanitaires et environnementales.
Le nouveau plan PNSE4 « Mon environnement, ma santé » doit prendre en compte cette demande collective et rendre prioritaire une réforme organisationnelle de la politique santé environnement du gouvernement .
Les membres du GSE peuvent apporter leur contribution à ce projet de gouvernance transversale, mais également les services ministériels et déconcentrés de l’Etat, les agences nationales et les responsables territoriaux.
Il semble désormais indispensable de restructurer la dynamique collective, d’identifier les dysfonctionnements et les freins, d’organiser la mise en commun des données et de mettre en place des outils d’évaluation qualitative et quantitative des politiques portées par l’ensemble des acteurs nationaux et territoriaux.