Lundi 11 juin, Elisabeth Toutut-Picard s’est rendue au siège de l’association « Du côté des Femmes 31 » basée à Muret ; c’est là qu’elle a pu échanger avec :
- Madame Caroline CALMELS : présidente de l’association ;
- Mesdames Clarisse AGOSTINI et Delsy LANGAN : Co-Responsables,
- Mesdames Nelly DREYER et Stéphanie DUC : éducatrices spécialisées chargées d’accueil,
- Six femmes accompagnées par l’association.
Madame Toutut-Picard fait part à ses interlocutrices de la particulière attention qu’elle porte aux femmes victimes d’actes de violences conjugales et dit souhaiter sensibiliser la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, à laquelle elle appartient, pour améliorer l’accès à l’hébergement qui se trouve être le problème déterminant pour sortir des situations de maltraitances.
La rencontre a débuté par une visite des locaux, suivie par la présentation des missions d’accueil, d’hébergement, de prévention, de sensibilisation et de formation des professionnels.
L’association « Du côté des Femmes 31 » souligne la complémentarité des compétences réunies au sein de l’association pour l’accompagnement des femmes. L’hébergement d’urgence de 4 places dont dispose l’association, a permis d’accueillir 5 femmes et 4 enfants l’an dernier. En 2017, 404 personnes ont fait appel à l’association, dont 285 femmes reçues soit par téléphone ou soit dans le cadre d’un entretien en tête à tête; 93 professionnels dans le besoin d’échanger sur des situations et 26 personnes faisant partie de l’entourage d’une femme victime de violences.
Membre de la « Fédération Nationale Solidarité Femmes », labellisée « Accueil de jour » par le Ministère aux droits des femmes, l’association a pu, depuis sa création en 2003, constater l’augmentation régulière de la fréquentation des femmes dans ses locaux.
Les difficultés auxquelles se heurte l’association résident principalement dans son obligation d’avoir à renouveler annuellement les projets auprès des financeurs et à justifier du bien-fondé et de la plus-value de ses actions. Autre préoccupation : maintenir et augmenter le temps de travail des salariées (3,85 équivalent temps plein pour 5 salariées à ce jour).
L’association recherche actuellement des locaux plus spacieux pour permettre une extension de l’activité. Ils seront destinés à abriter les missions de formation et de sensibilisation, ouvert et accessible au grand public et aux professionnels.
Les principales souhaits émis par les femmes en situation de violence sont les suivantes : pouvoir sortir du silence, recevoir une écoute bienveillante et souhaiter être crues sans avoir à se justifier.
Les moments partagés entre les femmes et les professionnels de l’association aident grandement les femmes à se reconstruire et à retrouver leur autonomie. Cependant, il est arrivé d’avoir à déplorer des difficultés ponctuelles imputables à des professionnels peu sensibilisés sur les questions des violences y compris sur le plan médical.
Les responsables de l’association regrettent certaines décisions de justice qui ne prennent pas en compte les violences et culpabilisent les femmes et les mères. Il arrive que dans un contexte de violences conjugales, la décision systématique de garde alternée soit problématique pour les enfants comme pour les mères.
Les femmes présentes prises en charge par l’association, émettent le vœu que des lieux d’accueil comme celui visité par la députée puissent perdurer et se multiplier : “ L’association « Du côté des Femmes 31 » est un lieu où les choses peuvent se dire, qui permet de sortir du tabou, de recréer du lien social, de ne pas être jugées”.
Pour elles, la rencontre avec les membres de l’association et avec d’autres femmes en difficulté permet le partage d’expériences et la manifestation d’une réelle solidarité : “revivre, se reconstruire…”, « Se dire qu’on n’est pas folles ». “Que l’empathie n’est pas un défaut, c’est une qualité, une fierté. Réussir à ne pas renoncer à être soi”. Certaines souhaitent aussi s’investir dans le bénévolat : “une façon d’aider à leur tour, de favoriser le lien social, de reprise de confiance en soi”.
L’association « Du côté des Femmes 31 » rappelle que :
– L’hébergement, le travail d’accompagnement dans l’insertion et les alternatives de logement sont essentiels et qu’il est difficile de trouver des hébergements appropriés (Promologis = bailleur unique).
– Il n’existe pas de “profil type” de femmes.
– Les violences conjugales peuvent prendre la forme de violences sexuelles.
– L’approche dans l’accompagnement passe par la construction sociale homme/femme et par ses représentations
– L’accompagnement dispensé par l’association n’est pas d’ordre thérapeutique
“clinique” mais sociologique.
– Cet accompagnement prend en compte les besoins et les demandes formulés par les femmes de sorte que rien ne se fait sans elles ni sans leur accord.
L’association « Du côté des Femmes 31 » n’exclut pas les hommes bien au contraire ; elle encourage tous les citoyens, quel que soit leur sexe, à participer à la disparition des inégalités femmes/hommes et aux violences faites aux femmes.
L’association ne reçoit pas de candidature masculine pour les accompagnements ou les actions de prévention ; dans les faits, la non-mixité de l’équipe, bien que n’étant pas de règle, découle de son objet. L’association ne reçoit pas les hommes violents et ne les prend pas en charge pour un éventuel accompagnement, préférant les orienter vers des structures dédiées.
À l’issue de ces échanges, Elisabeth Toutut-Picard propose son entremise auprès du chef de service de la médecine légale du CHU de Toulouse, afin d’expliciter les modalités d’accueil des femmes qui ont subi des sévices physiques (NB : Depuis sa rencontre avec l’association, la députée a pris contact avec le Professeur Telmon, Chef de service de médecine légale de Rangueil : il est d’accord pour recevoir les animatrices de l’association et évoquer avec elles les possibles améliorations à apporter dans l’accueil des femmes en difficulté. Un rendez-vous est en cours de finalisation). Elle souhaite également apporter son soutien à la cause défendue par l’association auprès de Monsieur Mandement, Maire de Muret, et de Madame GERMA, Conseillère Municipale.
La députée forme le souhait que lui soient communiquées les informations relatives au financement et les subventions perçues par l’association.
Enfin, Madame Toutut-Picard s’informera sur le projet de loi relative à la garde alternée entre parents séparés ; projet qui soulève beaucoup d’inquiétude auprès des mères (NB: depuis sa rencontre avec l’association et conformément à son engagement, la députée s’est renseignée et a obtenu l’information que ce projet de loi n’était pas retenu, rassurant ainsi le public des mères concernées).
Madame Toutut-Picard remercie vivement l’association pour son accueil.