Le Cercle Vulnérabilités et Société a organisé le mercredi 26 juin, une rencontre-débat autour du Professeur Frank Bellivier, Délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, chargé par la Ministre des Solidarités et de la Santé, de réfléchir aux pistes d’amélioration de la prise en charge de la santé mentale, en relation avec un groupe de parlementaires mandatés.
Ce médecin chef de service de psychiatre a longuement insisté sur la nécessité de « déstigmatiser » les pathologies psychiques en s’appuyant sur la volonté politique de modifier la représentation sociétale de ces maladies.
Plusieurs témoignages de patients, familles de patients et autres associations de prise en charge et d’insertion sociale, ainsi que des acteurs de la médecine du travail confrontés à l’accompagnement en entreprises, des salariés en difficulté psychique, sont venus conforter ce diagnostic.
Élisabeth Toutut-Picard, marraine du Cercle et ancienne directrice d’hôpital, a confirmé cette exigence collective de déconstruire le regard porté sur les fragilités psychiques, passagères ou constitutionnelles et de les accepter au même titre que les défaillances physiques .
Les patients, soignants, et parents de malades, doivent être déculpabilisés et sortir de la honte et du sentiment d’échec renvoyés par le regard des autres.
Nul n’est en effet à l’abri d’une période psychoaffective difficile dans sa vie personnelle (deuils, ruptures, déménagements…) ou son parcours professionnel (chômage, stress, burnout, décompensations suicidaires…).
Dans le continuum des troubles psychiques, de l’épisode dépressif à la pathologie lourde chronicisée, la société doit pouvoir prévenir les troubles psychiques/psychiatriques et proposer des prises en charge graduées et adaptées (structures d’accueil et effectifs soignants).
Les démarches de prévention des risques psychosociaux et d’amélioration de la qualité de la vie au travail promeuvent désormais le bien-être dans les entreprises et témoignent d’une évolution des modes de management davantage respectueux de l’équilibre mental des salariés.
Beaucoup reste encore à faire qui passe par une reconsidération de l’image que se font les êtres humains d’eux-mêmes et de leurs relations aux autres.
Sortir de la tentation de toute-puissance, rompre avec la crainte d’afficher ses limites devant autrui, accueillir les fragilités des autres comme les siennes, promouvoir l’équilibre intérieur plutôt que la performance, autant de changements de regard et de comportement auxquels nous invitent les fragilités psychiques.
La députée a conclu son intervention en rapportant une anecdote à ses yeux porteuse de sagesse et d’espoir : l’Etat du Bhoutan, petit pays situé au nord de l’Inde au pied de l’Himalaya, a de longue date inclus dans sa Constitution le bien-être matériel et psychologique de sa population.
Une piste de réflexion et d’action pour les managers et acteurs socio-économiques, mais aussi pour les femmes et hommes politiques occidentaux …