A l’initiative d’Elisabeth Toutut-Picard, des députés issus de plusieurs groupes parlementaires ont reçu cet après-midi une délégation du Syndicat des managers publics de santé (SMPS), venus présenter leurs propositions pour l’hôpital.
En février 2018, Philippe Denormandie, praticien hospitalier, et Jérémie Secher, Directeur de Centre Hospitalier, lancent un groupe de réflexion sur l’hôpital public, composé de praticiens, de directeurs et de représentants de patients. L’objectif est d’afficher la complémentarité entre les patients, ceux qui soignent et ceux qui créent les conditions d’exercice de cette mission, en vue de répondre au sentiment de malaise grandissant au sein de l’hôpital public. Il s’agit de savoir comment remettre la santé au cœur de l’hôpital public, à la fois en réduisant la complexité administrative pour préserver le temps soignant et redonner du sens aux professionnels. Mais aussi d’associer le patient, tant individuellement (au cours de sa prise en charge) que collectivement, à la gouvernance stratégique et opérationnelle des établissements de santé.
Le rapport du « Groupe des 26 », intitulé « Changer la vie à l’hôpital » et publié en mai dernier, fait en effet plusieurs constats :
– pour les professionnels, celui d’une perte de sens, d’un manque de temps (51 % des professionnels déclarent manquer de temps pour réaliser toutes leurs tâches et 70% des personnels hospitaliers estiment qu’ils n’ont pas assez de temps pour parler au patient) et d’une perte d’attractivité des carrières publiques hospitalières.
– pour les patients, celui d’une organisation en santé extrêmement complexe et cloisonnée à l’échelle du territoire.
Afin d’y répondre, le rapport formule 7 propositions :
1) Imaginer un nouveau contrat avec les patients, en étendant la représentation des usagers au sein des instances de concertation et de décision (au sein du directoire d’établissement, mais également au niveau du territoire), en mettant en place des comités de citoyens, en développant les universités des patients et en facilitant l’accès aux soins (mise en place d’un service d’accès aux soins, d’une offre ambulatoire et d’une plateforme clinique territoriale pour coordonner les parcours entre les acteurs).
2) Réinventer les relations entre professionnels, en recréant un environnement de travail en équipe, en renforçant le management hospitalier fondé sur des méthodes moins verticales et en organisant des espaces d’échanges réguliers entre professionnels.
3) Redonner du temps aux professionnels, en simplifiant les conditions d’exercice, en systématisant la synchronisation des temps et en créant des métiers et fonction support pour redonner du temps aux soignants.
4) Restaurer la confiance entre les professionnels, en mettant en place un dispositif de gestion des potentiels au niveau local, territorial et national, et en installant un dispositif de détection des conflits, de conciliation et de médiation au sein des établissements, au niveau territorial et national.
5) Faire de l’hôpital un leader de la recherche et de l’innovation en Europe, en privilégiant un fonctionnement de la recherche en réseau autour des CHU et en labellisant des équipes territoriales de recherche; en regroupant les universités des métiers de la santé, les universités des patients, les laboratoires de recherche et les hôpitaux partagés avec les professionnels de santé du territoire; en renforçant la recherche dans le domaine de la prévention et en créant des centres d’excellence spécialisés sur les questions de sécurité sanitaire et l’émergence de nouveaux risques.
6) Renforcer la représentation des médecins, des soignants et des patients dans la gouvernance interne des établissements, en les associant davantage au pilotage stratégique du directoire, et en redéfinissant le rôle des conseils de pôle et de service, l’approche clinique devant être renforcée au sein du processus décisionnel et de concertation.
7) Définir une gouvernance en santé souple et stratégique, en supprimant les Délégations départementales et en recentrant les Agences régionales de santé sur des fonctions de régulation.
Selon le « groupe des 26 », ces orientations peuvent être mises en place dans le cadre d’expérimentations territoriales, par exemple dans les territoires d’Outre-Mer.