Elisabeth Toutut-Picard s’est rendue mercredi 30 août au Centre de Détention de Muret qu’elle a longuement visité.
Cette démarche répondait à l’engagement qu’elle avait pris durant sa campagne électorale, de se rendre dans les deux établissements pénitentiaires implantés au cœur de sa circonscription, le Centre de détention de Muret et la Maison d’arrêt de Seysses.
Le poids économique des emplois induits par ces établissements dans le Muretain, ainsi que les problématiques sociétales générées par une population de détenus toujours croissante avaient, de longue date, attiré l’attention de la députée qui tenait à se rendre compte par elle-même non seulement de l’état des locaux, mais aussi des conditions de vie des détenus et des conditions de travail du personnel d’encadrement et de surveillance.
- Mme la députée reçue par la direction et l’encadrement : de gauche à droite M. Ruffenach directeur du CD de Muret, Mme Boyer chef de l’antenne de Muret du SPIP, M.Hoarau directeur adjoint du CD de Muret
Les cinq heures consacrées à cette visite ont permis à Elisabeth Toutut-Picard d’échanger sur de nombreux points avec le directeur, M. JL Ruffenach, son équipe de direction et Mme Christelle Boyer du Service pénitentiaire d’insertion et de probation de la Haute-Garonne (SPIP).
La rencontre a débuté par une présentation générale de l’établissement par son directeur, réunion suivie par une visite complète et détaillée de tous les bâtiments, cellules de détenus comprises, ce qui a permis à la députée de dialoguer avec les surveillants, les enseignants et les personnels de santé.
HISTORIQUE ET PRÉSENTATION du Centre de détention de Muret :
Après avoir été depuis 1966, « maison centrale », c’est à dire prison recevant les détenus les plus difficiles ayant peu de chances de réinsertion sociale, l’établissement pénitentiaire de Muret est devenu en 1996 « centre de détention », c’est à dire prison recevant des personnes condamnées à des peines supérieures à 2 ans et présentant les meilleures perspectives de réinsertion sociale.
Sa proximité immédiate avec la Maison d’arrêt de Seysses crée souvent dans l’esprit du grand public une confusion entre les deux entités, alors qu’elles n’assurent pas les mêmes missions et ne sont pas en relation directe.
(Les Maisons d’arrêt reçoivent en effet les prévenus en attente de jugement, ainsi que les condamnés à de courtes peines inférieures à 2 ans ou les condamnés en attente d’affectation dans un établissement pour peine, Centre de détention ou Maison centrale).
Le Centre de Détention de Muret, d’une superficie de 15 hectares, prend en charge des détenus condamnés à des peines correctionnelles (16%) et criminelles (84%) qui présentent les meilleures chances de réinsertion et sont aptes au travail.
Destiné à accueillir 620 détenus condamnés à de longues peines (80% de peines de 10 à 30 ans, dont 7% de peines de perpétuité), il représente le plus important centre de ce type en France.
La majorité des détenus appartient à la tranche d’âge des 35-60 ans, 10% d’entre eux sont âgés de plus de 65 ans , alors que 3% ont entre 18 et 25 ans.
À ce jour le Centre de Détention ne souffre pas de surpopulation carcérale et compte environ 600 détenus.
Il fonctionne selon le principe du régime différencié : Régime contrôlé, Régime commun ou de responsabilité, ces deux régimes étant des régimes dits « Portes ouvertes » (soit 80% de la population carcérale).
Ce régime permet aux personnes détenues dans ces secteurs de disposer d’un verrou pour fermer leur cellule. Ces détenus sont également autorisés à sortir à certaines heures de la journée pour accéder aux différents services de l’établissement, cours de promenade, terrains de sport et espaces d’activité culturelle.
Une bibliothèque tient à leur disposition plusieurs dizaines de milliers d’ouvrages grâce à un système d’échange avec les grandes bibliothèques du département.
Les principaux cultes sont représentés au sein de l’établissement ; lors de sa visite, la députée a d’ailleurs pu rencontrer plusieurs aumôniers ainsi que quelques visiteurs de prison.
Mais l’enjeu du « travail » au Centre de Détention de Muret demeure essentiel et l’organisation de la journée de détention s’articule autour de cette priorité.
LE TRAVAIL AU COEUR DE LA VIE DES DÉTENUS :
Le centre de détention inclut une zone industrielle de 15 000 m² d´ateliers.
Le travail y occupe une grande place , puisque 75% des personnes détenues en état de travailler sont employées et rémunérées (38€ par jour en atelier et 11€ par jour pour les services généraux).
Les ateliers sont placés sous un régime de cogestion avec des entreprises concessionnaires du bassin toulousain (aéronautique, mécanique et aluminium notamment).
Les différents postes de travail se répartissent ainsi : Aéronautique : 110 postes ; Serrurerie : 70 postes ; Aluminium : 20 postes ; Confection : 20 postes ; Meuble / Menuiserie : 40 postes ; Façonnage : 20 postes Enquêtes téléphoniques : 20 postes ;
L’objectif est non seulement occupationnel, mais aussi préparatoire à la réinsertion sociale et professionnelle en fin de peine.
FORMATION :
En complément des 270 fonctionnaires pénitentiaires et des agents de santé, un personnel principalement composé d’intervenants extérieurs assure des missions d’enseignement et de formation professionnelle : alphabétisation, cours de français, langue étrangère, remise à niveau enseignement primaire et secondaire (C.F.G. —Brevet des collèges). D.A.E.U., baccalauréat, B.T.S., cours d’informatique, de comptabilité, code de la route, cours de langue (anglais, espagnol) , inscriptions et aide aux cours par correspondance (CNED– AUXILIA) ,Cours GENEPI (uniquement pour les études universitaires) , validation des acquis de l’expérience (VAE), formation d’Agent d’Entretien de Bâtiments de collectivité (Titre AEB), formation au permis cariste ( CACES 3) , CAP agricole, option travaux paysagers ,formation agent de propreté et d’hygiène et formation soudure.
SANTÉ :
Elisabeth Toutut-Picard a pu rencontrer le personnel de santé du SMPR (Service Médico Psychologique Régional) qui dispense les soins psychiatriques, et de l’UCSA (Unité de Consultation et de Soins Ambulatoires) qui assure la prise en charge des soins somatiques.
L’équipe médicale et paramédicale du SMPR comprend 7 psychiatres (2 équivalents temps plein), une assistante sociale, 4 psychologues, 1 psychomotricienne, 4 infirmiers, 1 cadre de santé et 3 infirmières.
La présence de cette antenne psychiatrique explique l’augmentation significative des auteurs d’infractions à caractère sexuel dans la population carcérale du Centre de détention de Muret (44% des détenus), l’Administration choisissant d’orienter ce type de détenus vers des établissements habilités et médicalement équipés.
Les soins somatiques sont assurés par une équipe médicale pluridisciplinaire, composée de Médecins Spécialistes et de Chirurgiens-Dentistes, intervenant au sein de l´UCSA. Les détenus peuvent par ailleurs bénéficier d’un plateau médical et paramédical (radiologie, kinésithérapie, podologie etc), l’accent étant mis sur la prévention : dépistage des risques cardio-vasculaires, médecine du sport, campagne anti-tabac, vaccinations.
UNITES DE VIE FAMILIALE ET PARLOIRS :
Depuis le printemps dernier, le système des anciens parloirs, vétustes et peu fonctionnels, a été amélioré avec la construction de nouveaux locaux modernes et colorés destinés à abriter des parloirs individuels ou familiaux.
Une cinquantaine de « boxes » neufs permettent aux familles et aux visiteurs de bénéficier de meilleures conditions d’échanges pendant la durée des visites (1 heure à 1H30 en moyenne/visite, samedi et dimanche).
En complément de ces nouveaux parloirs, des petits « salons parloirs familiaux » sont à la disposition des détenus pour recevoir un conjoint ou une famille pour une durée plus longue (3 heures) ; en outre, des unités de vie familiale, comparables à de petits appartements sécurisés sont conçus pour héberger la cellule familiale pendant un jour ou deux.
- Le couloir coloré au centre des 45 parloirs
PERSONNEL PÉNITENTIAIRE, MÉDICAL ET D’ENSEIGNEMENT
Mme Toutut-Picard et son collaborateur parlementaire ont pu échanger longuement et librement avec les différents personnels sur de nombreux sujets, dont la sécurité, les conditions de travail et de rémunération des agents.
L’actualité des mois passés et le contenu de divers articles de presse récemment parus ont ainsi été abordés.
Les problèmes auxquels les surveillants sont confrontés au quotidien ont pu être exposés et débattus en toute transparence et
la députée a pu constater la fierté et la satisfaction du personnel pénitentiaire à mener à biens ses missions.
Il en ressort que le Centre de Détention de Muret souffre d’un manque chronique de personnel dû à des difficultés récurrentes de recrutement, lesquelles créent une situation telle que de nombreux postes budgétisés demeurent en permanence non pourvus , alors que de nouvelles missions d’extraction sont désormais confiées aux surveillants.
Les problématiques d’effectifs de cadres sont d’autant plus impactantes sur cet établissement que le Centre de Détention de Muret est un établissement exigeant en termes de personnels d’encadrement et notamment d’officiers et de gradés , et ce , pour deux raisons principales .
-La première tient à la superficie « hors normes » de la structure qui s’étend sur 14 ha, nécessitant sécurisation et maitrise des lieux. L’établissement comprend 8 bâtiments, regroupés en 5 secteurs, qui doivent être tous « couverts » par les personnels cadres. La zone des ateliers de 4 ha avec ses 8 pôles de travail différents, implique une présence quotidienne d’encadrement pénitentiaire. Enfin la coordination des déplacements des détenus entre ces zones demande également une surveillance renforcée.
-La seconde raison tient au profil de la population accueillie, condamnée à de longues peines, présentant de fait des situations lourdes et complexes et qui exige une attention appuyée et renouvelée des personnels d’encadrement.
Plusieurs souhaits et demandes ont été transmis à Mme la députée qui en a pris bonne note.
Cette visite sera suivie le lendemain jeudi 31 aout par celle de la Maison d’arrêt de Seysses, établissement pénitentiaire voisin qui assure des missions pénitentiaires complémentaires en amont du dispositif carcéral.